Sa filmographie s’étend de la fiction au documentaire en passant par le film de commande. Il sera élève à l’ESRA. Jonny Ebstein, théâtrologue, membre du laboratoire des Arts du spectacle du CNRS et spécialiste de l’expressionnisme allemand, l'initiera à Fredrich Wilhem Murnau et aux premiers films de Fritz Lang.

Ce parcours dans le cinéma s’accompagne d’une passion pour la photographie qui le mènera à réaliser des clichés aux accents expressionnistes s’inspirant des textes d’Edgar Poe et de Lovecraft.

Suivra une formation d’ethnologue qui lui apprendra la patience, la tendresse, pour partager, avec une caméra, un regard, une attitude.

En 1985, il obtient la subvention du Groupe de recherches et d’essais cinématographiques pour un film symbolique sur un homme qui tombe amoureux de la lune. Ce sera Nigra.

En 1987, il réalise Conte barbare, un court-métrage qui a pour sujet la folie. Grâce à une subvention du CNC et un pré-achat de France 2, le film se tourne en 1990 avec Dora Doll et Michel Morano. Il lorgne volontiers du côté de Luis Buñuel, du surréalisme et de l’expressionnisme.

Le film obtient plusieurs sélections et prix dans les festivals, une prime à la qualité du CNC ainsi qu’une pré-nomination aux Césars 1992.

Télérama qualifiera le film de Bonheur du jour lorsqu’il passera sur France 2, le jour de Pâques ! Isabelle Fajardo écrira :

« Il règne dans ce conte fantastique une lumière de fin du monde. Il y flotte des fumées d'outre-tombe. On y discerne des références bibliques. On y raconte une histoire inquiétante. Celle de M. Penel, enfermé dans la Maison des Lunatiques, un asile psychiatrique onirique. Ses cerbères sont des religieuses coiffées de cornettes ailées, comme des chauve-souris. Elles semblent danser un ballet à la chorégraphie symétrique, dont M. Penel est le centre. M. Penel, lui, se souvient : sa boutique, une charcuterie, et sa femme, dont il ne savait plus si elle était femme ou devenait truie... On a froid dans le dos. »

En 1993, Pierre Schumacher, obtient les subventions de l’APCVL (Atelier de Production du Centre Val de Loire) de LARCA Haute-Normandie et de France 2 pour son troisième court-métrage, Histoire d’ombres co-écrit avec Jacques Barbéri. Le sujet est celui d’un polar traité comme une pièce de théâtre d’ombre javanais…

 

Après ce film, il sera appelé pour de nombreux films de commande et documentaires.

Il réalise des documentaires pour la télévision. Ce sera Paroles de Dragons sur la Garde Républicaine (Grand Prix du Jury du 8e Festival International de L'image des Métiers de Pézenas en octobre 2003, Prix Spécial AVID pour le meilleur montage au festival du Creusot 2004). Suivront, dans la trilogie des Gardes dans le monde, Les Cavaliers du Matin sur la Garde Rouge sénégalaise et Sur les Traces de Bourâq, documentaire ayant pour sujet la Garde Royale du Maroc.

Lors du passage à l’antenne des Cavaliers du Matin, un critique du journal Le Parisien évoquera le film en ces termes :

« Le Sénégal a ses propres Traditions militaires et équestres, héritées à la fois des spahis de I'armée française et de la culture des griots. Pierre Schumacher nous retrace, à travers des textes de Pierre Loti, l’histoire de la garde rouge, un corps d'élite sénégalais. Comme la garde républicaine française, l’ex-garde coloniale remplit des fonctions d’apparat et de police. De magnifiques images nous plongent au cœur de cette Afrique immatérielle, qui plane sans qu’on ne la saisisse, décrite par André Malraux. Le réalisateur s’intéresse à la relation fusionnelle louée par Léopold Sédar Senghor entre le cheval, apanage du pouvoir, et son cavalier. Le ciel, bas et lourd, semble écraser la terre. Les scènes de monte paraissent d’autant plus légères. La séquence finale où le cavalier et son cheval dansent de concert sur une musique traditionnelle est réellement magique. »

 

Le documentaire est pour lui un véritable retour à l’ethnologie. Capter au plus près le réel pour le réécrire, le réinventer ! Au cours des années 2009-2010, il réalise deux autres documentaires sur les photographes Patrick Zachmann (Agence Magnum) et Gérard Uféras (Agence Vue). Ce seront Patrick Zachmann - Chroniques…, à l’occasion de l’exposition à la CNHI, Ma Proche Banlieue, du 26 mai au 30 septembre 2009, et Instants d’Amourpour l’exposition à la mairie de Paris, Paris d’Amour, du 5 mai au 14 août 2010 (Image d’Or au 14ème Festival International de L'image des Métiers de Tonnerre – FILM - en avril 2015).

De nombreux stages Actor’s studio effectués avec Jack Garfein lui permettent d’aller à l’essentiel, de retrouver, au travers des êtres, le sens du vrai dans les témoignages recueillis. Rentrer dans l’imaginaire de chacun pour instaurer la véracité d’un témoignage, d’une expérience.

 

C’est dans cette perspective qu’il réalise Évadés du réel, un documentaire sur la maladie d’Alzheimer (Grand Prix Louis Lumière au 24ème festival du Creusot en 2011). Il a collaboré avec l’aviatrice Dorine Bourneton et la Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesseafin de réaliser le film de promotion, Le Petit Prince, un rêve au bout des doigts (Astéria d’or film publicitaire au Deauville Green Awards2013), pour le projet d’édition adaptée du livre Le Petit Prince pour les jeunes aveugles. Dernièrement, Vivre, son film sur les soins palliatifs, a obtenu le Grand Prix du meilleur documentaire au 4ème festival Deauville Green Awards.

Plus d’une soixantaine de prix vient récompenser son travail. En 2009, il obtiendra le prix SCAM pour la meilleure œuvre institutionnelle de l'année.

En parallèle à ces activités de commande, Pierre Schumacher s’attèle avec Jacques Barbéri, écrivain, à l’écriture de son long-métrage, Cerveau-Direct. Le sujet traite d’enquêtes policières qui feraient comparaitre les morts comme témoins de leurs propres crimes. Le scénario a été sélectionné au festival de Cannes 2016 par la Maison des scénaristes.

Actuellement, Pierre Schumacher est en pré-production de son premier long-métrage, Mon frère, sur un scénario d’Étienne Michaud.

 

 
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